mercredi 13 juin 2018

Divorce 2, le retour

Il y a trois ans, nous avons partagé les meubles, les objets, les affaires accumulées au cours d'un peu plus de 15 ans de vie commune.
Rongée de culpabilité, j'étais partie à peu près avec une valise et mon piano.

Cette fois, nous avons partagé les enfants.
Je me suis encore fait avoir, je repars avec la myopathe.

lundi 12 juin 2017

Non explication de texte

On me demande souvent ce qu'est la méditation. À quoi ça sert.
Je crois que je fais des réponses de plus en plus évasives et surprenantes pour mes interlocuteurs.
Une des dernières était sûrement : "C'est comme la poésie, ça ne sert à rien."

Parfois, les trajets en voiture ont du bon, même quand on ne discute pas, même quand on ne choisit pas la musique et qu'on met la radio pour combler le silence.

Parfois, malgré le réveil précoce après un week-end très chargé, tout le monde se met à écouter, comme ce matin, et c'est un vrai moment de partage.

http://www.novaplanet.com/radionova/77715/episode-jeanne-recite-roberto-juarroz

Après avoir écouté attentivement, elle a dit :
-Mais maman, c'est de la méditation !

dimanche 10 juillet 2016

Girl Power

Ça a commencé un peu plus tôt dans la soirée, avec un commentaire de David Ginola.
D'un enfant qui donne un commentaire très juste sur les matchs précédents, on l'entend dire :
"Il a dû entendre ses parents. Enfin, surtout son papa."
Double colère : celle de l'enfant et celle de la maman.

Pourtant, notre contre-soirée était déjà bien en marche.
Les légers préparatifs loin derrière, la sonnette nous tire de notre léthargie analytique pré-match.
Nous voici donc, quatre femmes. Enfin, bouts de femmes.
Une avec des trous dehors et dedans, pratiqués au bistouri la veille par des mains expertes et néanmoins féminines, soit dit en passant.
Une avec des trous dedans, spontanés, ceux-là, mais de plus en plus grands.
Une en deuil.
Une si faible qu'on croirait la moindre brise capable de la briser.

Dès 19h, de petits bols chargés de délices colorés soigneusement préparés par le femme "si faible" s'alignent sur la table (réalisée par les mains expertes de la femme à trous dehors et dedans).
On trinque.
À 19h15, la femme avec les trous dedans allume le feu, guidée par les instructions de la première.
On picore en attendant.
À 19h50, elles décident qu'il ne pleuvra pas et que le poste de télévision serait mieux dehors.
À 19h51, la femme en deuil sort l'établit, installe, tire les rallonges, porte et branche.
La femme à trous pilote de la voix et de la télécommande.
À 19h53, le son et l'image font écho à la clameur environnante, dont le vrombissement se fait de plus en plus sonore.
On chante.

Peu à peu, on rit, on chante encore, on crie, on boit du bon vin, puis de l'excellent vin, pendant que le champagne se rafraîchit, on commente.
Les analyses improvisées à chaud seront confirmées par les plus grands analystes sportifs le lendemain.

Avant le match, nous écrivions à nos amis portugais, confiantes, que nous serions heureuses quelle que soit l'issue du match. C'est au fond de notre cœur que nous portons le Portugal et cette finale est idéale.
3 heures plus tard, il faut bien se résoudre à admettre que ça n'a pas tout à fait le même goût quand même.

Peu importe, ce soir, la victoire est bien ailleurs.

vendredi 8 juillet 2016

20 juin

"Je ne réponds pas d'avoir du goût mais j'ai le dégoût très sûr."
Est-ce le corps, l'âme ou l'esprit qui parle ?
Je ne sais jamais faire la distinction.

2 heures de Poésie ?, un régal.
Rires et larmes en pagaille, parfois croisés.
Le dormeur du val, je frissonne. J'y suis. Je sens la brise et la verdure autour.
Je sens la douce chaleur de ce matin d'août qui s'éveille et contraste avec ce corps froid comme une pierre.

Je lutte pour rester là, attentive aux spasmes de douleur pas plus qu'au reste.
Trois fois, je manque de sortir, le cœur au bord des lèvres.
Mais je ne veux pas en rater une miette.

À la sortie, épuisée par ce combat, je me laisse porter dans la voiture, puis au bar.
Je ne m'oppose plus, ne m'interroge plus, je n'en ai plus la force.
Dans cette ambiance gaie, chaleureuse, extravagante, aussi, comme à la maison, je m'apaise enfin suffisamment pour tout laisser sortir.

mardi 5 juillet 2016

Sédimentation

-Et tu fais quoi, cet été ?
-Je pars faire une retraite de méditation.
-C'est quoi, la méditation ?
-C'est retrouver le goût de l'Orangina, être attentif à la pulpe qui se dépose.

dimanche 3 juillet 2016

Aristocratie

Réunion au sommet, dimanche.
Nous sommes conviés par un simple papillon glissé dans notre boîte aux lettres.

Ce rendez-vous que j'avais déjà manqué deux fois, je me réjouis d'y aller enfin.
La convivialité dépasse mes attentes.

Des tables et des chaises sorties de nulle part.
Des paniers garnis de douceurs salées et sucrées qu'on échange.
Du bon vin, rouge ou rosé.
Des rires et des jeux d'enfants.
Des plants de tomate qu'on offre parce qu'il y en a bien trop pour son propre potager.

Je suis accueillie en petite nouvelle, avec une simplicité et une chaleur toutes naturelles.

Autour de moi, toutes sortes de couples.
Ceux qui semblent à la fois improbables et inébranlables malgré les chemins tortueux de la vie.
Ceux qui se renforcent des épreuves qu'ils traversent, qui surmontent la maladie.
Ceux qui continuent de se construire, doucement mais sûrement.
Ceux qui, plus récents, paraissent pourtant évidents.

Et je retrouve ici l'aristocratie décrite dans La Consolante, ce livre dont plusieurs phrases me portent depuis plus de six mois.
L'impression que soudain, tout le monde parle la même langue.
On sourit et on rit.
La remise en jeu du titre de champion du monde de pétanque de la Côte Eclue vient compléter le tableau.

Et si j'étais moi aussi une aristocrate ?